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L’abbé Laveau, fondateur d’une école pour les sourds et muets à Orléans

Document à la une de septembre et octobre 2022

Carte postale de l’établissement régional des sourds-muets d’Orléans, la leçon d’articulation.
Carte postale de l’établissement régional des sourds-muets d’Orléans, la leçon d’articulation.

(Arch. dép. du Loiret, fonds Rigaud CL CP 8668)

La journée mondiale des sourds et malentendants est célébrée le 24 septembre. Focus sur une institution historique du Loiret : l’établissement régional des sourds et muets d’Orléans. Fondé en 1839 par l’abbé François Laveau, ce lieu d’apprentissage a offert à de nombreux enfants souffrant de troubles de l’audition un moyen de s’intégrer à la vie en société.

L’abbé Laveau

L’abbé François Laveau, né le 18 décembre 1806 à Pithiviers-le-Vieil et décédé à Bois (Charente-Inférieure) en 1869, fut ordonné prêtre en 1832 à Orléans et nommé la même année professeur au moyen séminaire de cette ville. C’est également à Orléans qu’il rencontra en 1836 l’abbé Gabriel Deshayes, restaurateur des congrégations de Louis-Marie Grignion de Montfort, venu fonder une école pour sourdes-muettes. Souffrant lui aussi de troubles de l’audition, l’abbé Laveau se vit alors confier la création et la direction de l’école des sourds-muets d’Orléans, place Saint-Laurent, en 1839. Il la dirigera jusqu’en 1864, date à laquelle il estime ne plus pouvoir assumer ses fonctions. Pendant cette période, il défend activement l’éducation des jeunes sourds et muets. Dans son discours prononcé à la séance publique du conseil municipal d’Orléans du 16 avril 1846, il parle des « séquestrés de la vie sociale » lorsqu’il évoque les jeunes sourds et muets. Ces séquestrés sont aussi accueillis dans un autre établissement, similaire, fondé celui-ci par les sœurs de la Sagesse en 1846 au 117 rue Saint Marceau à Orléans. Il ajoute également :

Mais, si l’instruction ne vient pas en aide à l’enfant Sourd-Muet, quel secours trouvera-t-il, même au sein de la Religion, pour traverser avec courage, et sans faire de chute, cette longue vallée de larmes que nous appelons la vie

L'abbé Laveau

Extraits du discours prononcé par l’abbé Laveau dans la séance publique du 16 avril 1846.
Extraits du discours prononcé par l’abbé Laveau dans la séance publique du 16 avril 1846.

(Arch. dép. du Loiret, BH BR 3177)

Extraits du discours prononcé par l’abbé Laveau dans la séance publique du 16 avril 1846.
Extraits du discours prononcé par l’abbé Laveau dans la séance publique du 16 avril 1846.

(Arch. dép. du Loiret, BH BR 3177)

L’abbé Laveau garantit également à son institut une gestion financière saine. Un vitrail le représentant bénissant deux élèves, installé dans la chapelle de l’école, montre bien à quel point son travail fut apprécié. Dans cette lettre adressée à « Monseigneur », certainement l’évêque d’Orléans, il explique que l’établissement fut fondé « avec rien » et qu’il n’y a rien à craindre pour l’avenir de l’œuvre. Les faits lui donnent raison…

Lettre de l'abbé Laveau, directeur des Sourds-Muets, au sujet de l'organisation et la gestion financière de l’institution, 2 janvier 1852.
Lettre de l'abbé Laveau, directeur des Sourds-Muets, au sujet de l'organisation et la gestion financière de l’institution, 2 janvier 1852.

Un enseignement qui perdure et qui est reconnu

Effectivement, les années s’écoulent et l’institut poursuit encore et toujours son travail d’enseignement auprès des jeunes sourds et muets. L’établissement est transféré à Saint-Jean-de-la-Ruelle (rue Abbé de l’Epée) en 1892, et obtient même, par décret du 12 août 1952, la reconnaissance d’utilité publique de ses actions auprès du ministère de l’Intérieur. Ce qui leur permet d’obtenir notamment des financements pour la réalisation de projets d’agrandissement.

Courrier adressé par le directeur de la population et de l’entraide sociale au ministre de la santé publique et de la population au sujet de la demande de déclaration d’utilité publique de l’institution des sourds et muets d’Orléans, 1952.
Courrier adressé par le directeur de la population et de l’entraide sociale au ministre de la santé publique et de la population au sujet de la demande de déclaration d’utilité publique de l’institution des sourds et muets d’Orléans, 1952.

(Arch. dép. du Loiret, 1243 W 1714)

Courrier adressé par le directeur de la population et de l’entraide sociale au ministre de la santé publique et de la population au sujet de la demande de déclaration d’utilité publique de l’institution des sourds et muets d’Orléans, 1952.
Courrier adressé par le directeur de la population et de l’entraide sociale au ministre de la santé publique et de la population au sujet de la demande de déclaration d’utilité publique de l’institution des sourds et muets d’Orléans, 1952.

(Arch. dép. du Loiret, 1243 W 1714)

Le 1er janvier 1977, les établissements situés 117 rue Saint Marceau à Orléans, et 26 rue de l’Abbé de l’Epée à Saint-Jean-de-la-Ruelle fusionnent pour associer leurs efforts dans l’accueil et l’enseignement des jeunes sourds de la région orléanaise. Le nouvel établissement est placé sous l’égide de l’association de patronage des jeunes sourds d’Orléans, association qui est le représentant exemplaire de ce qu’est une institution économique, sociale et solidaire. Elle poursuit encore son œuvre aujourd’hui.

L’importance d’avoir de bonnes oreilles

Le 12 juillet 1843, Adrien Leroy de La Tournelle, procureur général à la cour royale d'Orléans écrit une lettre à Prosper Menière, médecin titulaire à l’institut des sourds et muets situé rue Saint-Jacques, le pendant parisien de l’institut d’Orléans. Il souhaite s’entretenir avec lui pour trouver un traitement contre sa surdité.

Lettre d’Adrien Leroy de La Tournelle, procureur général à la cour royale d'Orléans à Prosper Menière, médecin titulaire à l’institut des sourds et muets situé rue Saint-Jacques à Paris, 1843.
Lettre d’Adrien Leroy de La Tournelle, procureur général à la cour royale d'Orléans à Prosper Menière, médecin titulaire à l’institut des sourds et muets situé rue Saint-Jacques à Paris, 1843.

Le début de la lettre donne le ton : « Je vous écris de mauvaises oreilles à rendre bonnes ». Il explique qu’il avait « le projet de prendre les eaux d’après vos conseils, mais de grands trompements dans ma vie m’ont ôté toute liberté cette année ». Il exprime aussi son désarroi en écrivant qu’il a plus besoin que jamais de ses oreilles, et qu’il espère voir le docteur Ménière une semaine après avoir écrit ce courrier. Cette lettre démontre bien qu’à l’époque, la perte d’audition était un handicap sociologique important dans la vie d’un individu. Et que des solutions étaient déjà recherchées pour vivre avec.

Pour aller plus loin

Tous les deux mois, les Archives départementales du Loiret mettent en valeur un document extrait des fonds, présenté dans le hall du Site des archives historiques et généalogiques, 6 rue d'Illiers, Orléans. Découvrez tous les documents à la une.

Bibliographie

  • Les frères de Saint Gabriel et les écoles de sourds en Orléanais : 1839-2002./Frère Jean Chéory. - [Orléans] : chez l'auteur, 2002. - 45 p. dactylographiées ; ill. ; 29.7 cm

(Référence aux Archives départementales du Loiret, BH M/2921)

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